
Laurent Ballesta, photographe sous-marin en exposition à Nice
#44 Hors Série
Plongez dans l’univers de Laurent Ballesta, photographe sous-marin de renommée mondiale, à l’occasion de son exposition immersive au Musée de la Photographie Charles Nègre à Nice. Dans cet épisode de PhotoStoria, art, science et exploration se rencontrent pour raconter les coulisses de ses images tournées en Antarctique, en Polynésie et en Méditerranée. Une aventure visuelle et sonore au cœur des profondeurs.
Écoutez l’épisode complet (1h42) enregistré à Nice, au cœur de l’exposition « Mers et Mystères ».
« Longtemps, j’ai plongé trop pressé…
C’est pourquoi je fais souvent ce rêve de lenteur : je pars en plongée comme un botaniste en forêt, comme un alpiniste en montagne, calme et serein, sans l’inquiétude du manque d’air ou de l’accident de décompression. Je rêve de m’affranchir de la respiration artificielle, de ne plus devoir rejoindre la surface et de pouvoir vagabonder sur un territoire sauvage, de m’imprégner de lui sans contrainte de temps.
Je rêve de vivre l’esprit libre ma passion sous-marine, simplement et sans limite. »

La Terre Adélie au revers du blanc
Tout commence avec un rêve d’enfant : celui de voir le manchot empereur.
Mais ce que Laurent Ballesta découvre en Terre Adélie va bien au-delà.
Sous une surface austère, blanche, figée, il plonge dans un monde inattendu : coloré, vivant, immobile et curieux.
Ici, les phoques ne fuient pas. Les manchots plongent à ses côtés. Les vers marins sont rouges, les étoiles de mer sont bleues, les anémones sont jaunes.
Pas besoin de ruser. Pas besoin d’attendre.
On ne se cache pas, on observe. Et on est observé.
Dans cet extrait, Laurent raconte une expérience rare : celle d’une plongée où le froid ne fait pas peur, où le silence est un luxe, et où l’émerveillement est immédiat.
Un moment suspendu dans l’un des derniers sanctuaires du vivant.
Quittons la glace.
Direction la Polynésie.
Changement total d’ambiance.
Là-bas, ce ne sont pas les silences qui frappent.
Ce sont les mouvements. Les pulsations.
Et un ballet de centaines de requins qui n’a rien d’un hasard.
700 requins, à la pleine lune
Au départ, l’objectif est clair : documenter la reproduction des mérous à Fakarava, en Polynésie.
Mais sur place, une surprise attend Laurent Ballesta et son équipe.
Chaque nuit de pleine lune, des centaines de requins se rassemblent dans la passe.
Ce qu’ils découvrent : une chasse organisée, méthodique, presque coordonnée.
Une stratégie de groupe jamais observée à ce niveau.
Pour comprendre sans déranger, il faut rester. Plonger longtemps.
Des immersions de 24 heures, nuit après nuit, depuis un camp installé au milieu du récif.
Ce n’est pas une expédition spectaculaire. C’est une plongée patiente, précise, où l’observation devient révélation.
Un moment rare, au plus près du comportement animal.
Et revenons
Pas à la surface. Pas vraiment.
On revient chez nous, en Méditerranée.
Mais cette fois, on va jusqu’au fond.
Littéralement.
Pendant un mois, chaque jour à plus de 100 mètres.
Le décor change. La lumière aussi.
Et ce qu’on pensait connaître devient presque irréel.

Méditerranée, à plus de 100 mètres pendant un mois
C’est là que tout a commencé : ses premières immersions, ses premières photos, et ses premiers clichés — dans tous les sens du terme.
Pendant longtemps, Laurent Ballesta a cru que la Méditerranée était abîmée, trop exploitée, sans mystère.
Mais à force d’y plonger, jour après jour, il découvre une autre réalité.
Des zones où la vie est dense. Des espèces qu’on croyait disparues. Et une lumière singulière, presque irréelle : ni turquoise, ni tropicale. Une lumière rasante, filtrée, poussiéreuse.
Dans cet extrait, il raconte comment cette mer familière est devenue un terrain d’exploration extrême.
Avec son équipe, il passe un mois entier dans un caisson pressurisé sur un bateau, en plongée saturation. Chaque jour, ils descendent à plus de 100 mètres, depuis un module immergeable, sans jamais revenir à la pression atmosphérique.
C’est une technique issue du monde industriel, détournée pour l’exploration.
Et c’est ce qui leur permet de rester plus de 300 heures à grande profondeur, à photographier des paysages lunaires, à documenter l’invisible.
Aujourd’hui, un nouveau défi : créer une photothèque géante de la Méditerranée profonde.
Pour que ces fonds deviennent visibles. Et qu’ils soient enfin considérés.
À la fin, j’ai voulu lui parler autrement.
Pas des plongées. Pas des caissons.
Mais de lui.
Ce qu’il ne montre pas forcément. Ce qu’il regrette parfois.
Ce qui le fait continuer.
Pour aller plus loin après l’écoute de cet épisode :
Retrouvez Laurent Ballesta sur son site officiel, et découvrez son univers photographique sur Instagram.
Découvrez son exposition Mers et Mystères au Musée de la Photographie Charles Nègre, à Nice.
Écoutez également Stéphane Tallon, directeur du musée, dans le podcast Rendez-vous sur la Prom.
Livres de Laurent Ballesta :
700 requins dans la nuit – un livre sur cinq années de plongées nocturnes en Polynésie
Antarctica ! – récit photographique de son expédition en Antarctique
Planète Méditerranée – exploration des profondeurs de la Méditerranée
Films et documentaires :
700 requins dans la nuit – bande-annonce
Antarctica, sur les traces de l’empereur – bande-annonce
Planète Méditerranée – bande-annonce
Pour suivre les publications du musée : Instagram du Musée de la Photographie Charles Nègre.
Infos pratiques – Exposition Laurent Ballesta à Nice
Musée de la Photographie Charles Nègre
Place Pierre Gautier, 06300 Nice
(au cœur du Cours Saleya, face au Palais Sarde)
Exposition Mères et Mystères
Jusqu’à fin septembre 2025
Tél. : 04 97 13 42 20
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h (fermé le lundi)
Entrée gratuite pour :
les enfants
les résidents de la ville de Nice
les habitants de la Métropole Nice-Côte d’Azur
Tarif plein : 5 € / Tarif réduit : 2,50 € (étudiants, seniors, groupes…)